Voyager dans le temps



Le rêve, un voyage immobile
Regragui disait : "Il faut rêver. Le rêve est gratuit." Et, en effet, j’étais là, tranquillement installé sur la terrasse d’un café, un endroit presque figé dans le temps, les arômes du café fraîchement moulu m’enveloppant. Le soleil s’étendait paresseusement sur la rue calme d’Azhar, une de ces rues que seuls les habitués connaissent bien. La ville, elle, se réveillait lentement. Les premières voitures apparaissaient, comme des fourmis traversant un sentier désert, et tout semblait encore paisible.

L'instant suspendu
Puis, en un éclair, la réalité se déchira. Un fourgon, dans une accélération foudroyante, dévia brutalement de sa trajectoire et percutait un motocycliste, l'engloutissant dans un fracas métallique. Le conducteur du deux-roues, projeté dans les airs, finit son vol sur le trottoir, son corps inerte gisant sur le pavé comme une marionnette sans fils. La scène était irréelle, un choc brutal dans le calme apparent du matin. Les témoins, pris de panique, s’élançaient vers l’accident, hurlant tous, sans exception, ce cri ancestral : "La hawla wala kowata illa billah."

La réflexion sur l'impossible retour en arrière
Le tumulte s’intensifiait autour de moi, mais moi, j’étais là, pétrifié, figé dans cette réalité devenue absurde, mon esprit glissant déjà ailleurs. Et si ce moment, ce mince instant d’inattention, pouvait être effacé ? Et si la victime pouvait revivre cet instant et changer une simple action, un geste insignifiant, qui aurait changé le cours des choses ?

Les théories du voyage dans le temps
Je pensais à ce qui, en d’autres temps, avait été qualifié de "voyage dans le temps". Ce concept étrange, à la fois fascinant et dérangeant, m’évoquait des souvenirs cinématographiques. Godefroy de Montmirail, dans Les Visiteurs, tuant par erreur son futur beau-père, créant ainsi une spirale de conséquences qu'il ne pouvait même imaginer. Et que dire du principe de cohérence de Novikov, qui stipule que tout changement dans le passé, même minime, n’est en réalité qu’un élément déjà inscrit dans le tissu de l’histoire ? Ainsi, tenter d’éliminer un dictateur sanguinaire dans son enfance serait une illusion ; il reviendrait sous une autre forme, implacable et inéluctable.

Le paradoxe des mondes parallèles
Plus audacieuse encore, l'hypothèse des mondes parallèles, où l’on pourrait théoriquement tuer ses ancêtres sans entraîner un paradoxe, puisqu'une autre réalité émergerait. Mais alors, quel sens donner à ces spéculations ? La possibilité de jouer avec le destin semble séduisante, mais elle est, en fin de compte, dérisoire. Le passé est figé, il ne souffre d’aucune altération. Ce qui est, est. Ce qui a été, a été. Le reste n’est qu’un mirage.

Le retour à la réalité
La sirène de l’ambulance m’arracha brusquement à mes réflexions, me ramenant violemment à la réalité. Les cris de la foule, les gestes désordonnés des secouristes, tout cela créait un tourbillon d’agitation qui semblait impossible à saisir. Je restais là, immobile, perdu dans mes pensées, contemplant le chaos autour de moi, les images de l'accident résonnant encore dans mon esprit, me hantant comme un fantôme du passé.

L'acceptation de l'inéluctable
Mais je me rendais compte que ces théories sur le voyage dans le temps ne sont que des spéculations vaines, car le passé est immuable et il est inutile de s’y accrocher. Il est temps de se concentrer sur le présent et de construire un avenir meilleur.

Le départ vers l'avenir
Je me suis alors levé de ma chaise, payé mon café, et je suis parti en direction de mon destin, décidé à ne plus être prisonnier de mes regrets, mais à apprendre de mes erreurs et à avancer vers l’avenir.



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